Reprise de cours : une décision sournoise du gouvernement pour sauver sa peau

Le gouvernement a décrété la réouverture des classes après une longue rupture des cours due au COVID-19. Cette reprise statuée pour le 1er juin concerne uniquement les classes d’examen. Pour les autres classes, ce sont des vacances anticipées. Que dire de la reprise sous ce format ?

Depuis le 16 mars 2020, le gouvernement a fait suspendre les cours compte tenu de la maladie à coronavirus. Cette décision avait été saluée par tous. Il s’agissait d’une question de santé. Nul ne pouvait s’insurger ou mettre cela en cause. Durant tout le mois de mai, le gouvernement a passé le temps à hésiter sur la date de la reprise des cours. Les dates envisagées pour la reprise étaient les  28 avril,   04 mai et   25 mai 2020.  Finalement, la date du 1er juin a été la bonne et   ne concerne que les élèves en classe d’examen, c’est-à-dire CM2, 3ème et Terminale. Les autres élèves des classes intermédiaires ainsi que leurs enseignants, sont envoyés en vacance anticipée  forcée.   Qu’est-ce qui justifie une telle décision ?

Le ministre en charge des enseignements primaires et secondaires M. Stanislas Ouaro avait pourtant rassuré que le gouvernement mettrait tout en œuvre pour que tous les élèves reprennent les cours dans des conditions sanitaires optimales. Pour ce faire, il a été question de doter les établissements du pays en cache-nez.     Finalement, le gouvernement dit ne pas pouvoir satisfaire le besoin des établissements d’enseignement en matériel pour que tous les enfants puissent reprendre les cours. Il évoque aussi des risques liés à la reprise des cours   pendant la saison hivernale. Le gouvernement est-il vraiment à court de moyens pour résoudre le problème ou y a-t-il anguille sous roche ?

Soit il y a une médiocrité ou une incapacité de la part du gouvernement, soit ce dernier trouve en cette pandémie du COVID-19, une aubaine pour se défaire d’un autre problème. Si cela ne tenait qu’au problème de moyen,   les parents d’élève pouvaient être mis à contribution  . Ne serait-ce que pour l’achat des cache-nez. Concernant aussi la saison hivernale qui est évoquée comme un frain à la reprise normale des cours, il y a lieu de se poser la question à savoir si le   système éducatif doit être forcément organisé en fonction du climat. Imaginez un seul instant s’il pleuvait sur toute l’année ; aurait-on une   excuse valable  pour parler de risque d’envoyer les enfants à l’école ?. D’ailleurs le risque dans le cycle de vie de l’Homme n’est-il pas constant ?   Le problème est donc tout autre.

 Rappelons-nous d’une chose importante. La maladie à coronavirus est tombée pile au Burkina Faso  au moment des tiraillements entre le gouvernement et les syndicats des travailleurs de l’administration publique au sujet   de l’impôt unique de traitement des salaires (IUTS). Les syndicats de l’enseignement étaient les plus fougueux et leur lutte avait même commencé bien avant la question de l’IUTS. On se souvient d’ailleurs que l’année 2017/2018  a failli être une année blanche. L’analyse du contexte  nous amène à penser que le gouvernement tente de disperser les acteurs susceptibles de l’empêcher d’avoir des nuits paisibles. Ceci est condamnable dans la mesure où l’éducation des enfants ne saurait être prise en otage pour des fins égocentriques.

Aussi, le gouvernement semble avoir engagé cette reprise des cours sans avoir pris en compte les avis controversés des acteurs concernés. S’il voulait des solutions, cette démarche de concertation était nécessaire.

Mais rien ne prouve qu’en dispersant les enseignants, ils laisseront tomber leurs grognes, surtout avec les examens qui approchent car ceux-ci pourraient boycotter lesdits examens. Cela   n’arrange pas notre système éducatif déjà malade et ni, les enseignants, ni les parents ne vont pardonner un tel catastrophe.

Le « gouvern-et-ment » aurait dû réfléchir par deux fois, avant de prendre une telle décision, surtout qu’on est à la veille des élections présidentielles. Et s’il n’y a pas de moyens pour envoyer tous les élèves à l’école, il ne devrait également pas en avoir pour effectuer des opérations d’enrôlement.   

Laurentine KONCOBO

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