Vacances scolaires anticipées au Burkina Faso : une belle parade du gouvernement pour sauver l’année scolaire

Suspendue en mars dernier en vue de briser la chaîne de transmission de la maladie à coronavirus, l’année scolaire 2019-2020 a définitivement connu son sort après plusieurs tentatives de reprises.  Le gouvernement, à l’issue du conseil des ministres du mercredi 27 mai dernier, a décidé la validation de l’année scolaire des élèves en classes intermédiaires et la reprise des cours le 1er juin pour ceux en classe d’examen.

Avec cette mesure du gouvernement, le passage en classe supérieure est systématique pour les élèves du CP1, CP2 et CM1 tandis que  le passage en classe supérieure des autres élèves se fera sur la base de la plus forte moyenne obtenue au cours des deux premiers trimestres de l’année scolaire en cours. Ceci est valable pour le   secondaire. Ainsi donc se résume la formule des autorités burkinabè  pour sauver l’année scolaire  du joug de la covid19.

Selon des sources officielles, cette décision a été prise en concertation avec le bureau national des parents d’élèves, certaines organisations de la société civile et partis politiques du pays mais, il faut reconnaitre qu’elle ne fait pas l’unanimité. Elle suscite même des gorges chaudes. Néanmoins,   nous pensons qu’elle était la meilleure alternative  pour sauver l’année scolaire.

Il convient de noter que le projet du gouvernement de doter chaque élève de deux cache-nez pour la prévention n’a pas porté fruit. Dans cette situation,  envoyer les élèves en classe sans le minimum de matériel de protection ressemblerait bien plus à un suicide de la part des autorités.  Autoriser tous les élèves à reprendre revient à ouvrir un boulevard à la propagation de la maladie, qui pourrait  endeuiller l’année scolaire.   C’est donc le moindre mal qui est choisi pour éviter le pire.   Même avec la disponibilité en matériel de « riposte », le risque de contamination de la maladie est élevé, quand on connait déjà  la forte démographie dans nos établissements scolaires. Ce qui revient à dire que le respect des mesures comme la distanciation sociale reste  un leurre dans les établissement scolaies. C’est sans doute, sur la base de toutes ces raisons que le ministre Stanislas Ouaro et ses collaborateurs, ont opté pour cette décision de reprise des cours uniquement pour ce qui concerne les classes d’examen. 

La cohérence de cette formule a réussi à convaincre d’autres pays de la sous-région. Le Mali, le Sénégal pour ne citer que ces pays, ont choisi la même option. Même si comparaison n’est pas raison, il est évident que nous évoluons presque dans les mêmes réalités. C’est une situation exceptionnelle et une mesure exceptionnelle s’impose. Et toute la cohérence de la parade se trouve à ce niveau.

Outre l’aspect sanitaire, l’environnement climatique justifie avec acuité cette formule salvatrice de l’exécutif  burkinabè. La saison hivernale qui s’installe au mois de juin constituera un blocage des activés pédagogiques dans certaines zones du pays. Il est peut-être possible de continuer les cours dans les milieux urbaines mais très difficile en zone rurale qui regorge d’ailleurs la majorité des élèves du pays. Ces élèves seront sollicités pour les travaux champêtres, et cela  peut négativement jouer sur l’année scolaire. Encore plus qu’il y a des parents qui autorisent leurs enfants à partir à l’école parce que la saison sèche   ne recommande pas trop d’occupation. Ce qui n’est pas le cas en saison des pluies.

Pour tout dire, c’est parce que le gouvernement a congénitalement  mal à sa communication, qu’elle est probablement en rupture de confiance avec son peuple. Ce qui  fait d’ailleurs que même ses actions les plus louables ne sont pas toujours bien appréciées au sein de l’opinion nationale. Sinon, la décision ne pouvait  être autrement. Elle est une bonne parade pour sauver l’année scolaire.

Serge Ika Ki

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