Projet de prolongation du mandat des députés : pour la recherche d’un environnement sécurisé

À l’issu d’une tournée parlementaire effectuée sur le territoire national, l’assemblée nationale préconise la prolongation du mandat des députés. Il s’agit là d’un sujet à débat.

Lors de la session parlementaire tenue à huit clos le 06 juillet dernier , les législateurs ont à l’unanimité proposé sur la base de l’article 81 de la Constitution et au regard de la situation sécuritaire, le report des élections législatives. Cette proposition semble tributaire de la situation d’insécurité dans certaines régions du Burkina Faso qui empêcherait cinquante-deux (52) députés de pouvoir retourner dans leurs bases pour la campagne électorale.
De ce qui précède, on peut tenter sans effort de comprendre le caractère légitime et même légal de cette proposition de nos législateurs qui veulent disposer d’un environnement de sécurité stable et apaisé pour le bon déroulement des élections. Mais il faut souligner que la situation d’insécurité ne concerne pas plus les députés que les populations des zones concernées. Pour notre part, cette proposition de prolongation du mandat des députés justifiée par l’insécurité, bien qu’elle soit crédible, cache des desseins inavoués. C’est pourquoi, cette manœuvre mal orchestrée aura de la peine à fédérer les opinions. Plusieurs raisons peuvent largement justifier notre position. On se rappelle que le 11 juin, le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) parti au pouvoir, lors de sa conférence de presse a tenu à être clair pour ce qui est de l’agenda électoral en précisant que : « le MPP réaffirme encore solennellement aujourd’hui que l’agenda électoral national doit être scrupuleusement respecté et par conséquent, les élections devraient se dérouler à la bonne date le 22 novembre prochain ».
Plus loin, le parti au pouvoir soutient que : « Certes, nous faisons face à ces deux défis majeurs, mais nous ne pouvons pas courir le risque de plonger notre pays dans un vide juridique et le livrer à tous les errements possibles. Cela est inadmissible et inacceptable ». L’une des raisons qui est de nature à décrédibiliser la proposition des députés est que l’élection présidentielle est organisée sur l’ensemble du territoire national et que le Gouvernement jusqu’à l’heure n’a pas indiqué son incapacité à respecter ses engagements. Si le Gouvernement est en mesure d’organiser l’élection présidentielle, alors les législatives ne sont alors qu’une simple formalité.
Si les députés pensent que le Gouvernement n’est pas en mesure d’assurer leur sécurité et celle des populations lors des échéances électorales à venir, il serait judicieux pour eux de réfléchir dès à présent à comment accompagner le Gouvernement dans le processus de l’organisation des élections transparentes et crédibles dans un environnement de sécurité. Il est inadmissible que nos représentants à l’Assemblée nationale ouvrent la brèche à de probables crises institutionnelles.

Cosmos Ézéchiel Don de Dieu NANEMA

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